Alors qu’il y a plus de 220 postiers qui travaillent dans le bâtiment du Palais du Commerce, le syndicat SUD-PTT, 2e syndicat des 4000 postiers du département, apprend par la presse le devenir d’un lieu de travail de La Poste. Beau « dialogue social » ! On comprend mieux le mouvement des gilets jaunes qui proteste contre le peu de considérations qu’ont les élites et les affairistes pour les salariés et les citoyens de la « France d’en bas ».
- La Spoliation du « bien commun » public
Dès l’origine (1886), le palais du commerce a abrité les services de postes et télécommunications. Le Palais du commerce était donc occupé par une administration d’Etat, les PTT. Ce bâtiment public a été versé à titre gratuit à La Poste, alors établissement public industriel et commercial (EPIC) par la loi Quilès du 2 juillet 1990. Et en 2010, le Palais du commerce est devenu propriété de la société anonyme « La Poste » puis de sa filiale 100% privée « Poste-immo ». Ainsi, le citoyen-contribuable a été dépossédé d’un bien public d’une grande valeur au profit d’une société privée qui fait de la promotion et spéculation immobilière (co-promoteur « Urban Quartz », par exemple).
11 000 bâtiments publics, souvent d’une grande valeur architecturale et foncière, ont suivi le même sort. Cette privatisation silencieuse est une formidable spoliation du bien public. On ne peut pas dire d’un côté que « l’Etat est fortement endetté » et en même temps donner à des sociétés privées des patrimoines immobiliers publics d’une valeur colossale.
- Une » gentrification » du centre ville rennais
La transformation du « Palais du commerce » en centre commercial impersonnel et l’expulsion des postiers qui y travaillent à partir de 2022 montrent bien que les affairistes ne veulent plus d’entreprises et de lieux de travail, voire de services publics dans le centre ville.
La privatisation des arcades du « Palais du Commerce », qui est aujourd’hui un lieu public en dit long sur la nature de l’urbanisation que les dirigeants de La Poste comme la maire de Rennes veulent faire.
Pour les dirigeants de La Poste, c’est une spéculation immobilière immonde partout (voir le bureau de Paris Louvre, l’Urban Quartz à Rennes), la suppression de bureaux (6 sur 19 à Rennes en 2 ans) et la vente de ces locaux une fois le bureau fermé.
Pour la Maire, c’est la fascination d’être la banlieue d’affaire de Paris : le boulevard Beaumont, la place de la gare, une partie de l’avenue Janvier sont la proie de distribution immobilière entre les groupes Le Duff, Ruello, Giboire, etc… Maintenant, le « Palais du Commerce »…
Cette politique d’urbanisation tue à la fois les lieux de travail et le commerce indépendant puisque ce sont des chaines multinationales (« décathlon » propriété de la famille Mulliez) qui sont appelés à occuper les espaces publics.
Cette politique d’urbanisation est le contraire du « vivre ensemble », de la mixité sociale, de la proximité des services publics et de leur développement. Cette politique d’urbanisation est source de révoltes des rejetés et exclus de la gentrification, révoltes que SUD soutiendra.
Rennes le 7 février 2019
Sud-PTT d’Ille et Vilaine
Arnaud Bordier/ S. Bourgin