En 1977, Coluche dans un sketch (Moi, ça va) disait :
« C’est un pays, la France, libérale, on peut être en colère, il faut demander gentiment, c’est tout. Alors évidemment, les manifestations, c’est entre ’La Nation’ et ’La République’, hein ! Ils vont pas vous la donner entre ’L’Étoile’ et ’La Muette’, c’est là qu’y habitent, hein !.... Et alors à Créteil, entre la gare et la poste, tous les jours si ils veulent... »
Coluche ne croyait pas si bien dire ! 41 ans plus tard, la préfète de Région reprend le sketch du comique. Mais sans faire rire ! Car si l’on se résume, voilà la situation :
- M. Castaner ne veut pas que les gilets jaunes manifestent sur les ronds-points qu’il fait évacuer par la force.
- Mme la préfète de la région Bretagne ne veut pas que les gilets jaunes et les syndicats manifestent dans le centre ville… mais aussi à proximité du centre ville !
Bref, la liberté de manifester est en grand danger.
Et pourtant la France est signataire du PICD (Pacte international relatif aux droits civils et politiques, adopté à l’assemblée générale de l’ONU en 1966 (Art 20).
Et pourtant, L’article 11 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales la protège la liberté de manifester.
Le rapport d’Amnesty International (Un droit, pas une menace, mars 2017) rappelait sans ambiguïté ces principes fondamentaux d’une démocratie.
S’ils ne sont respectés, ce n’est plus une démocratie.
STRATÉGIE POLICIÈRE = STRATÉGIE POLITIQUE :
L’analyse de l’utilisation des forces de police depuis les manifestations contre la loi travail en 2016 jusqu’aux dernières manifestations aboutit à la conclusion suivante :
- Nous sommes passés de l’utilisation massive des grenades lacrymogènes à l’utilisation massive des flash-ball (LBD40) et des grenades GLI-F4.
- Ces armes de guerre sont utilisées contre des manifestants qui se tiennent à plus de 30 mètres des cordons de police dans le seul but d’occasionner de graves blessures et de faire peur.
- Il s’agit de la stratégie de la terreur qui vise à dissuader les familles, les jeunes, etc… de participer aux manifestations, c’est-à-dire, d’interdire le droit d’exercer leur droit à manifester reconnu internationalement. Cet arsenal de guerre ne parvenant pas à éteindre les manifestations contre le gouvernement, notamment des gilets jaunes, on passe aux interdictions « administratives » avant de passer aux interdictions massives individuelles. Cette situation nous ramène 60 ans en arrière… Notamment lorsque les force de police faisaient plus de 200 morts à Paris le 17 octobre 1961.
Nous, syndicalistes n’avons pas l’intention d’arrêter les manifestations quand elles s’avèrent nécessaires. Mais compte tenu des dangers encourus en cas de manifestation pacifique, nous appelons tous les participants à protéger leur intégrité physique par les moyens appropriés.
Rennes le 25 janvier 2018
Pour SUD-PTT d’Ille et Vilaine
Serge Bourgin
Coluche - Moi ça va !