Voilà bientôt 15 jours que le syndicat SUD Santé du Centre Hospitalier Guillaume Régnier de Rennes à entamé une grève reconductible afin d’être enfin entendu par l’Agence Régionale de Santé et la direction de l’établissement sur la qualité des soins et mettre un coup d’arrêt à la spirale infernale du burn-out (avec un risque suicidaire avéré et confirmé par le dernier rapport de la médecine du travail).
Les constats évoqués par le syndicat SUD ont trouvé un écho au-delà de tout espoir auprès des salariés (soignants, administratifs, techniques, ouvriers, cadres, psychologues…), maintenant rejoins par quelques médecins, mais aussi beaucoup de patients et de familles. Une pétition actuellement en cours à recueillis à ce jour près de 800 signatures. Les agents se sont emparés de ce lieu que SUD à installé tous les jours du lundi au vendredi, jour et nuit à l’entrée de l’établissement. A tel point qu’ils s’organisent par pôle et entre les pôles afin d’organiser la grève et des actions éventuelles.
Loin d’accepter la banalisation de la dégradation de l’accès aux soins et des conditions d’accueil ils souhaitent maintenant dénoncer l’inadmissible qu’ils sont contraints d’accepter faut de moyens suffisants accordés à la psychiatrie publique en France.
Ces agents ne supportent plus de devoir accueillir des patients sur des chaises pendant des heures fautes de lits sur l’hôpital.
Comment pourraient-ils accepter que, comme ce samedi 18 novembre, des patients soient orientés vers des établissements extérieurs comme Redon, Dinan mais aussi en Mayenne faute de lits ? Pour deux de ces patients ce sont 8 heures d’attentes avant le transfert en ambulance. Quand on est atteint de troubles psychiatriques ce n’est sûrement pas le meilleur moyen d’entamer un processus de soins.
Comment pourraient-ils accepter qu’une patiente fasse 8 services différents en seulement 13 jours avec parfois des mutations en pleine nuit à 2 heures du matin ?
Comment accepteraient-ils qu’au SPAO (le service psychiatrique d’accueil et d’orientation pour les patients qui se présentent à l’hôpital), les soignants, faute de lits disponible, fassent régulièrement 2 à 3 heures supplémentaires comme ce même samedi soir ?
Comment tolérer qu’un patient doive après une tentative de suicide, attendre une semaine qu’un lit se libère ?
Comment accepter que des patients dorme dans des chambres dont la température est tellement froide que même 4 couvertures ne suffisent pas à se réchauffer et que la famille doive apporter une bouillotte ?
Ces situations sont anxiogènes pour les patients et aboutissent fréquemment à des situations de violences qui mettent en danger le personnel et les patients.
Les exemples peuvent se décliner presque à l’infini tant ces situations sont fréquentes, comme en témoigne les feuilles d’événements indésirables (FEI) que les agents remplissent devant une situation de dysfonctionnement manifeste. En 2012 nous avions comptabilisé 150 FEI, aujourd’hui ce sont déjà plus de 1400 FEI alors que l’année n’est pas terminée. En cause, les situations de violences, de sous effectif et de manque de lits.
En février 2012, une même tension sur les lits avait conduit au blocage de l’hôpital, suite notamment à l’admission d’une patiente sur un matelas posé au sol... entre deux autres lits... A l’époque, cette grève avait permis l’ouverture de 47 lits.
Aujourd’hui les soignants refusent cette banalisation. Ils demandent de la dignité pour les patients qu’ils reçoivent et du respect sur leur lieu de travail Un mouvement qui est déjà une victoire, par l’élan de solidarité qu’il a fait naître, là où chacun se pensait seul devant l’inacceptable.
C’est pourquoi les collègues s’organisent déjà pour cette troisième semaine. Un mouvement qui ne semble pas prêt de s’essouffler au regard des témoignages que nous recueillons.
Contact : sudchgr gmail.com